dimanche 4 septembre 2011

Jour 9 : Madrid-Jurvielle

Après deux heures de route, vers 12h30, nous partageons dans la voiture les gateaux secs achetés à Evora.Gateaux à l'huile d'olive, au saindoux, au citron qui rappellent ceux d'Aurélie, colporteuse en Algérie.


Lorsque nous étions à la quinta d'Evora, nous avions questionné le gentleman farmer, propriétaire, à chemise avec initiales brodées, au sujet des gâteaux, spécialité d'Evora. Manifestement, il n'avait pas compris notre question puisque pour toute réponse :

  • Ah ! Oui, les gâteaux d'Evora sont particuliers, ils sont faits avec des oeufs.
Voyage agréable au Portugal, en crise, avec une couleur politique, ce qui est inhabituel pour les vacances. Contacts avec une réalité perturbée ou de plain pied dans la crise, de vraies vacances sans insouciance. Vacances « politiques » qui malgré nous et avec nous essaient de dire qu'on ne sort du pire qu'à condition de fédérer les coeurs et les intelligences... pour faire obstacle... cette force, petite amie de l'intelligence, de la lucidité, flirte volontiers avec l'émotion.

30 Août 2011

Jour 8 : Evora-Madrid


Soleil magnifique sur la campagne d'Evora pour ce retour vers l'Espagne. Nous laissons notre hôtesse aller à la messe du dimanche matin. Qualité extraordinaire de l'air. Arrêt à Estremoz, ville moyenne, accueillante, plus ouverte et plus aérée qu'Evora.

Arrivée à Madrid à 17h30, hyper centre ville, calle Sevilla, à deux pas de la plaza Mayor et de puerta del Sol: hôtel Asturias, confort correct mais bruyant.

L'Europe libérale! Avec de plus en plus de personnes au travail, non seulement le samedi, sur le chantier public d'Evora, mais aussi le dimanche! A Madrid, Gran Via et autour, tout est ouvert : Zara, Mango, cafés, restaurants et tout à coup,... plaza Puerta del Sol, une rumeur, forte et sourde, avec vrombissement d'hélicoptère. La manifestationn des « indignados » arrive...une foule jeune, immense et pacifique brandissant des petites pancartes au format A3 : « Basta! », « Democracia! », « Bancos, No! »...Une communication minimaliste, efficace, sans les banderoles syndicales habituelles. Jusqu'à quand la presse va t elle refuser de parler d'eux tous les jours, toutes les heures comme elle l'a fait pour DSK, pour Hollande, pour Sarko...

 Impossible pour eux, tous les jours, de rejoindre la plazza Mayor récupérée par les terrasses des cafés et gardée par la guardia. Jusqu'à quand ces rendez vous quotidiens seront ils mobilisateurs et efficaces? Y aura t il un sursaut commun, des foules européennes, à l'automne? Les indignados vont-ils inoculer ce virus salutaire de la contestation? L'austérité s'annonce générale. Europe An 01! Tout recommencer, tout renouveler: repartir ensemble mais autrement!

Après avoir croisé les manifestants nous dinons ...plazza Santa Ana dans un restaurant espagnol à direction et service indonesien.

Jour 7: Evora


Grand soleil. L'hôtesse informe d'une journée chaude.
L'Alentejo semble être une région très agricole, plutôt riche, bien irriguée, avec élevage, et viticulture. Les fermes ou quintas sont très bien entretenues, avec un look "Côt Sud" et Evora respire, transpire la vie provinciale: ses riches avec grosses voitures, Audi, Mercedes et les autres plus nombreux, travaillant sur les chantiers proches de la cathédrale, même ce samedi matin, jour de marché, ou encore dans les jardins de la quinta à ôter les fleurs séchées des pots de géraniums, à passer le rotofil dans les bosquets sur les terrasses qui surplombent la piscine.

Il fait chaud mais la qualité de l'air est extraordinaire, douce, caressante. Au loin, en contrebas de la quinta, on a oté les panneaux de liège à des arbres. Le soleil joue avec les troncs, ce qui les rend encore plus graphiques.

Visite d'Evora: temple romain en majesté au coeur de la ville et nombreuses églises dont la fameuse chapelle des ossements. Murs, voûtes, porches sont composés d'ossements, des tibias collés les uns à côté des autres et ce rythme est parfois interrompu par des crânes regroupés. Aujourd'hui en art contemporain, on parlerait d'installation..celle ci date du XVI° et témoigne de la part des moines d'une certaine fantaisie pour dire et menacer que nous sommes mortels et que tel sera notre destin..finir les uns à côté des autres à une bonne place ou à une plus mauvaise sur une voûte ou sur un mur!

Le dynamisme de la ville ne saute pas aux yeux: vie provinciale confortable pour les mêmes sans doute qui peuvent s'en échapper! Pourtant le patrimoine est là et pourrait porter, accompagner un projet culturel fort, étonnant..mais à quoi bon..diraient les élus!
Moment de repos.

L'impression d'ensemble qui se dégage, petit à petit, au fil de ces journées portugaises, est celle d'un petit pays, 200kms/600..., encore très traditionnel eu égard aux valeurs, avec une influence de la religion catholique forte mais aussi par rapport aux évolutions contemporaines. Cela vaut pour les constructions mais aussi pour la gastronomie qui reste sommaire, roborative, rurale sans aucune recherche ou adaptation ni dans les préparations, ni dans la présentation.Dans les restaurants, décor rustique, avec pierres des voutes peintes en marron (!), pas de design, même pas dans les vitrines des magasins grands ou petits de la Rua Augusta, à Lisbonne qui conduit le piéton vers la Place du Comercio, par exemple, sans scénographie qui attire.(D'ailleurs le MUDE, musée du Design et de la Mode de la rua augusta est affligeant..il n'est rien!)

Autre sentiment, voire émotion, celle liée à la perception patente du clivage entre les classes sociales, gouffre entre les riches, polyglottes, catholiques, codés « Cyrillus », « Ralf Lauren », propriétaires de quinta au luxe cosy et la majorité, les travailleurs qui connaissent sans doute ce que « Saudade » veut dire!

Jour 6 : Lisboa-Evora


Soirée au restaurant dans le Barrio Alto, sous la télevision branchée sur canal sport...donc football et des serveurs distraits...qui se signent quand les équipes marquent des buts! Repas décevant: incompréhension génerale devant la carte et choix au hasard..pas de lulas-seiches, mais soupe roborative avec oeuf à la nage et filets de poissons "anonymes". Puis petit arrêt près de Fernando Pessoa, au café Brasileira de la Rua Garett qui attire toujours autant de monde. Les jeunes filles, les femmes osent pour se faire photographier saisir tendrement, ou tenir du bout des doigts la main de l'écrivain. Les hommes s'installent sur la chaise en bronze mais restent distants même s'ils prennent une pose sérieuse. Défilé non stop!

Matin soleil pour partir dans l'Alentejo. Nous franchissons le pont du 25 Octobre, haut et impressionnant, qui fait aussi un bruit très particulier avec le roulement des voitures et camions. Le paysage change très vite: plus sec, avec des pins, puis des chênes verts et enfin des chênes liège. Au milieu de ces paysages aux courbes molles, quelques fermes banches avec portes, bas de murettes, porches soulignés de traits jaunes-ocres ou bleus.

Evora est une ville moyenne, plutôt assoupie, avec des petits commerçants, de nombreuses églises et des places avec bar au milieu! Des calèches avec cocher attendent les visiteurs pour les tours de ville.

Arrivée à la quinta do Espada, dans la campagne, au milieu d'une forêt de chênes liège et d'une zone d'élévage.

La maison est blanche, basse, soulignée de jaune, avec une grande cour bordée par une tonnelle , un petit jardin de buis et une piscine à l'eau claire car le fond est sombre. L'intérieur de la maison est très accueillant, grands espaces, cuisine à disposition, salon, chambre meublée avec goût.

Vers 18H30, départ vers Monsaraz, village perché à quelques kilomêtres de la frontière espagnole, fortifié avec un château et des remparts qui enserrent deux ruelles bordée de maisonnettes blanches, immaculées, dont les formes harmonieuses paraissent dessinées. Coucher de soleil sur la plaine.Lieu naturel pas encore tout à fait exploité, épuisé par les flots de touristes car l'endroit reste à l'ecart des grandes voies de communication, des grands sites.

Arrivée à la quinta: le vent est frais.

Jour 5 : Lisboa, Cascais, Belem


Hier soir , nous sommes allés aux "Docas" , le lieu branché disent les guides..plutôt loin, du centre ville de Lisbonne, sous le pont du 25 avril. Le décor est intéressant.

Il s'agit d'entrepots réaménagés..pseudo design mais surtout commerces, bars et restos plutot haut
de gamme pour les prix. Mais, en se promenant, sur le quai en bois qui longe les bistrots, le bruit est assourdissant : roulements des voitures au dessus des têtes sur le pont rouge, imitant des milliards d'abeilles et de temps en temps, montée crescendo avec passage de train!

Cela doit s'adapter aux nuits techno mais en fin de journée au coucher du soleil..too much. Nous sommes repartis vers le Barrio Alto en taxi et nous nous installons pour un bon repas, au palace de Calhaiz...poissons, vin blanc et addition douce. Nous y reviendrons le lendemain soir pour manger des lulas cad des seiches grillées..Après ce diner plutôt sympa même si le resto est assez bruyant avec télévision en marche ( le lisboa-benfica jouait..et a gagne 3-1!), nous sommes allés, rua Garett au bar Brasileira qui est le lieu des journalistes, artistes, écrivains et Pessoa trône dans un bronze immobile et à côte une chaise vide invite qui le veut, le souhaite à partager..un moment..pour la photographie avec le maître de l'Intranquillité! Les flashs sont incessants et sympathiques. Les personnes paraissent bien attachées au personnage même si, peut être, ses textes, au lycée, les ont mis parfois en difficulté.
Retour à l'hôtel vers 23H.

Ce matin, le temps est brouillé, le flou de la brume océanique.Nous partons visiter le centre ville: musée du Design et de la Mode..nullisssime! Sans commentaire. Balade dans le Barrio Alto.
L'après midi, départ vers Cascais pour visiter le Farol de Santa Marta dessiné par les frères Aires Mateus, architectes excellents. Sérénité du lieu, immaculé avec des proportions superbes et une échappée, verticale, provoquée par deux immenses palmiers insolites qui conduisent le regard vers le ciel. Le petit musée est recouvert de céramique blanche du sol à la toiture et les lignes sont ainsi bien appuyées.

A Cascais, tout est propre, ordonné, ambiance grandes familles richissimes, parcs et villas dominent la petite falaise rocheuse qui surplombe l'océan.
Plus loin, sur la place du parc, a été construit par Soto do Moura, le musée Paula Regos: une grande structure ocre rouge en béton banché peint. Ces grands volumes se découpent sur le ciel bleu griffé par les troncs de pins immenses. Effet superbe. Le contenu du travail de Paula Regos est aussi surprenant..une dame , très bonne artiste... perturbée...sans équivoque.

Puis, Tour de Belem et une queue de 100 personnes devant la patisserie Pasteis de Belem à côté du monastère des Jeronimos, ensemble classé au patrimoine mùondial UNESCO.

Avant d'aller diner au barrio alto, petit arrêt devant le pavillon du Portugal, grande voile de béton qui, là aussi, conduit le regard vers des horizontales en abymes, la surface du Tage, une ligne de quai , la ligne du pont Vasco de Gama et au loin l'autre rive.

Impression d'un Portugal qui, comme partout, est capable du meilleur et du pire.