dimanche 4 septembre 2011

Jour 9 : Madrid-Jurvielle

Après deux heures de route, vers 12h30, nous partageons dans la voiture les gateaux secs achetés à Evora.Gateaux à l'huile d'olive, au saindoux, au citron qui rappellent ceux d'Aurélie, colporteuse en Algérie.


Lorsque nous étions à la quinta d'Evora, nous avions questionné le gentleman farmer, propriétaire, à chemise avec initiales brodées, au sujet des gâteaux, spécialité d'Evora. Manifestement, il n'avait pas compris notre question puisque pour toute réponse :

  • Ah ! Oui, les gâteaux d'Evora sont particuliers, ils sont faits avec des oeufs.
Voyage agréable au Portugal, en crise, avec une couleur politique, ce qui est inhabituel pour les vacances. Contacts avec une réalité perturbée ou de plain pied dans la crise, de vraies vacances sans insouciance. Vacances « politiques » qui malgré nous et avec nous essaient de dire qu'on ne sort du pire qu'à condition de fédérer les coeurs et les intelligences... pour faire obstacle... cette force, petite amie de l'intelligence, de la lucidité, flirte volontiers avec l'émotion.

30 Août 2011

Jour 8 : Evora-Madrid


Soleil magnifique sur la campagne d'Evora pour ce retour vers l'Espagne. Nous laissons notre hôtesse aller à la messe du dimanche matin. Qualité extraordinaire de l'air. Arrêt à Estremoz, ville moyenne, accueillante, plus ouverte et plus aérée qu'Evora.

Arrivée à Madrid à 17h30, hyper centre ville, calle Sevilla, à deux pas de la plaza Mayor et de puerta del Sol: hôtel Asturias, confort correct mais bruyant.

L'Europe libérale! Avec de plus en plus de personnes au travail, non seulement le samedi, sur le chantier public d'Evora, mais aussi le dimanche! A Madrid, Gran Via et autour, tout est ouvert : Zara, Mango, cafés, restaurants et tout à coup,... plaza Puerta del Sol, une rumeur, forte et sourde, avec vrombissement d'hélicoptère. La manifestationn des « indignados » arrive...une foule jeune, immense et pacifique brandissant des petites pancartes au format A3 : « Basta! », « Democracia! », « Bancos, No! »...Une communication minimaliste, efficace, sans les banderoles syndicales habituelles. Jusqu'à quand la presse va t elle refuser de parler d'eux tous les jours, toutes les heures comme elle l'a fait pour DSK, pour Hollande, pour Sarko...

 Impossible pour eux, tous les jours, de rejoindre la plazza Mayor récupérée par les terrasses des cafés et gardée par la guardia. Jusqu'à quand ces rendez vous quotidiens seront ils mobilisateurs et efficaces? Y aura t il un sursaut commun, des foules européennes, à l'automne? Les indignados vont-ils inoculer ce virus salutaire de la contestation? L'austérité s'annonce générale. Europe An 01! Tout recommencer, tout renouveler: repartir ensemble mais autrement!

Après avoir croisé les manifestants nous dinons ...plazza Santa Ana dans un restaurant espagnol à direction et service indonesien.

Jour 7: Evora


Grand soleil. L'hôtesse informe d'une journée chaude.
L'Alentejo semble être une région très agricole, plutôt riche, bien irriguée, avec élevage, et viticulture. Les fermes ou quintas sont très bien entretenues, avec un look "Côt Sud" et Evora respire, transpire la vie provinciale: ses riches avec grosses voitures, Audi, Mercedes et les autres plus nombreux, travaillant sur les chantiers proches de la cathédrale, même ce samedi matin, jour de marché, ou encore dans les jardins de la quinta à ôter les fleurs séchées des pots de géraniums, à passer le rotofil dans les bosquets sur les terrasses qui surplombent la piscine.

Il fait chaud mais la qualité de l'air est extraordinaire, douce, caressante. Au loin, en contrebas de la quinta, on a oté les panneaux de liège à des arbres. Le soleil joue avec les troncs, ce qui les rend encore plus graphiques.

Visite d'Evora: temple romain en majesté au coeur de la ville et nombreuses églises dont la fameuse chapelle des ossements. Murs, voûtes, porches sont composés d'ossements, des tibias collés les uns à côté des autres et ce rythme est parfois interrompu par des crânes regroupés. Aujourd'hui en art contemporain, on parlerait d'installation..celle ci date du XVI° et témoigne de la part des moines d'une certaine fantaisie pour dire et menacer que nous sommes mortels et que tel sera notre destin..finir les uns à côté des autres à une bonne place ou à une plus mauvaise sur une voûte ou sur un mur!

Le dynamisme de la ville ne saute pas aux yeux: vie provinciale confortable pour les mêmes sans doute qui peuvent s'en échapper! Pourtant le patrimoine est là et pourrait porter, accompagner un projet culturel fort, étonnant..mais à quoi bon..diraient les élus!
Moment de repos.

L'impression d'ensemble qui se dégage, petit à petit, au fil de ces journées portugaises, est celle d'un petit pays, 200kms/600..., encore très traditionnel eu égard aux valeurs, avec une influence de la religion catholique forte mais aussi par rapport aux évolutions contemporaines. Cela vaut pour les constructions mais aussi pour la gastronomie qui reste sommaire, roborative, rurale sans aucune recherche ou adaptation ni dans les préparations, ni dans la présentation.Dans les restaurants, décor rustique, avec pierres des voutes peintes en marron (!), pas de design, même pas dans les vitrines des magasins grands ou petits de la Rua Augusta, à Lisbonne qui conduit le piéton vers la Place du Comercio, par exemple, sans scénographie qui attire.(D'ailleurs le MUDE, musée du Design et de la Mode de la rua augusta est affligeant..il n'est rien!)

Autre sentiment, voire émotion, celle liée à la perception patente du clivage entre les classes sociales, gouffre entre les riches, polyglottes, catholiques, codés « Cyrillus », « Ralf Lauren », propriétaires de quinta au luxe cosy et la majorité, les travailleurs qui connaissent sans doute ce que « Saudade » veut dire!

Jour 6 : Lisboa-Evora


Soirée au restaurant dans le Barrio Alto, sous la télevision branchée sur canal sport...donc football et des serveurs distraits...qui se signent quand les équipes marquent des buts! Repas décevant: incompréhension génerale devant la carte et choix au hasard..pas de lulas-seiches, mais soupe roborative avec oeuf à la nage et filets de poissons "anonymes". Puis petit arrêt près de Fernando Pessoa, au café Brasileira de la Rua Garett qui attire toujours autant de monde. Les jeunes filles, les femmes osent pour se faire photographier saisir tendrement, ou tenir du bout des doigts la main de l'écrivain. Les hommes s'installent sur la chaise en bronze mais restent distants même s'ils prennent une pose sérieuse. Défilé non stop!

Matin soleil pour partir dans l'Alentejo. Nous franchissons le pont du 25 Octobre, haut et impressionnant, qui fait aussi un bruit très particulier avec le roulement des voitures et camions. Le paysage change très vite: plus sec, avec des pins, puis des chênes verts et enfin des chênes liège. Au milieu de ces paysages aux courbes molles, quelques fermes banches avec portes, bas de murettes, porches soulignés de traits jaunes-ocres ou bleus.

Evora est une ville moyenne, plutôt assoupie, avec des petits commerçants, de nombreuses églises et des places avec bar au milieu! Des calèches avec cocher attendent les visiteurs pour les tours de ville.

Arrivée à la quinta do Espada, dans la campagne, au milieu d'une forêt de chênes liège et d'une zone d'élévage.

La maison est blanche, basse, soulignée de jaune, avec une grande cour bordée par une tonnelle , un petit jardin de buis et une piscine à l'eau claire car le fond est sombre. L'intérieur de la maison est très accueillant, grands espaces, cuisine à disposition, salon, chambre meublée avec goût.

Vers 18H30, départ vers Monsaraz, village perché à quelques kilomêtres de la frontière espagnole, fortifié avec un château et des remparts qui enserrent deux ruelles bordée de maisonnettes blanches, immaculées, dont les formes harmonieuses paraissent dessinées. Coucher de soleil sur la plaine.Lieu naturel pas encore tout à fait exploité, épuisé par les flots de touristes car l'endroit reste à l'ecart des grandes voies de communication, des grands sites.

Arrivée à la quinta: le vent est frais.

Jour 5 : Lisboa, Cascais, Belem


Hier soir , nous sommes allés aux "Docas" , le lieu branché disent les guides..plutôt loin, du centre ville de Lisbonne, sous le pont du 25 avril. Le décor est intéressant.

Il s'agit d'entrepots réaménagés..pseudo design mais surtout commerces, bars et restos plutot haut
de gamme pour les prix. Mais, en se promenant, sur le quai en bois qui longe les bistrots, le bruit est assourdissant : roulements des voitures au dessus des têtes sur le pont rouge, imitant des milliards d'abeilles et de temps en temps, montée crescendo avec passage de train!

Cela doit s'adapter aux nuits techno mais en fin de journée au coucher du soleil..too much. Nous sommes repartis vers le Barrio Alto en taxi et nous nous installons pour un bon repas, au palace de Calhaiz...poissons, vin blanc et addition douce. Nous y reviendrons le lendemain soir pour manger des lulas cad des seiches grillées..Après ce diner plutôt sympa même si le resto est assez bruyant avec télévision en marche ( le lisboa-benfica jouait..et a gagne 3-1!), nous sommes allés, rua Garett au bar Brasileira qui est le lieu des journalistes, artistes, écrivains et Pessoa trône dans un bronze immobile et à côte une chaise vide invite qui le veut, le souhaite à partager..un moment..pour la photographie avec le maître de l'Intranquillité! Les flashs sont incessants et sympathiques. Les personnes paraissent bien attachées au personnage même si, peut être, ses textes, au lycée, les ont mis parfois en difficulté.
Retour à l'hôtel vers 23H.

Ce matin, le temps est brouillé, le flou de la brume océanique.Nous partons visiter le centre ville: musée du Design et de la Mode..nullisssime! Sans commentaire. Balade dans le Barrio Alto.
L'après midi, départ vers Cascais pour visiter le Farol de Santa Marta dessiné par les frères Aires Mateus, architectes excellents. Sérénité du lieu, immaculé avec des proportions superbes et une échappée, verticale, provoquée par deux immenses palmiers insolites qui conduisent le regard vers le ciel. Le petit musée est recouvert de céramique blanche du sol à la toiture et les lignes sont ainsi bien appuyées.

A Cascais, tout est propre, ordonné, ambiance grandes familles richissimes, parcs et villas dominent la petite falaise rocheuse qui surplombe l'océan.
Plus loin, sur la place du parc, a été construit par Soto do Moura, le musée Paula Regos: une grande structure ocre rouge en béton banché peint. Ces grands volumes se découpent sur le ciel bleu griffé par les troncs de pins immenses. Effet superbe. Le contenu du travail de Paula Regos est aussi surprenant..une dame , très bonne artiste... perturbée...sans équivoque.

Puis, Tour de Belem et une queue de 100 personnes devant la patisserie Pasteis de Belem à côté du monastère des Jeronimos, ensemble classé au patrimoine mùondial UNESCO.

Avant d'aller diner au barrio alto, petit arrêt devant le pavillon du Portugal, grande voile de béton qui, là aussi, conduit le regard vers des horizontales en abymes, la surface du Tage, une ligne de quai , la ligne du pont Vasco de Gama et au loin l'autre rive.

Impression d'un Portugal qui, comme partout, est capable du meilleur et du pire.

jeudi 25 août 2011

Jour 4 : Lisboa-Sintra

Soleil, ce matin!
Hier soir , petite déception lors de la visite avant le dîner, du quartier Alfama.

Même si la lumière du coucher de soleil rendait Lisbonne encore plus blanche que dans sa légende, ce quartier accueille les touristes qui se repartissent de bars en restaurants qui pullulent sur le parcours du tramway N°28, dans lequel ont sévi les pickpockets. Repas "même pas bon" mais vue magnifique sur le Tage et le côte droit du quartier de l'Alfama.


Retour sur le Rossio avant de remonter à l'hôtel en taxi par l'avenue de la Libertade. Cette avenue et la grande perspective du parc Edouard VII  datent du tremblement de terre, fin XIX°, qui a détruit le coeur de Lisbonne!

Ce matin, les jardins de Sintra sont à l'affiche et chacun son ambiance:

-N°1, palais National de Queluz: residence d'été du roi, un palais intéressant qui a su conserver des dimensions"humaines"et qui a développé un jardin à la composition simple mais convaincante: parterres de buis, broderies sur la première terrasse, laquelle est animée par des bassins qui accueillent des figures sculptées notamment par John Cheere, au XVIII°, pour le bassin et les groupes de Neptune.

En contrebas de ce premier niveau, des grandes allées animées à chaque croisement par une fontaine, un bassin, un buffet d'eau et par un "grand canal" de 150 m, bordé d'azulejos et d'un kiosque à musique. L'ensemble reste presque discret, intéressant et beau.


Sintra mérite sa réputation . Nous sommes dans ces grands lieux "pesados" comme disent les espagnols, lieux marqués par l'histoire, celle des portugais, certes, qui choisissent ce lieu pour la qualité de son climat et de ses brises océanes qui tempèrent les saisons, mais aussi par les anglais...notamment Cook et Byron..
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Nous dégustons des travesseiros et des gateaux de Jesus ( emballage vintage et gout canelle) dans le café face à la gare,  le cytia: très bons.

N°2 : Visite du jardin de la quinta Regaleira: véritable jardin romantique avec château torturé, très Art Nouveau et des fabriques très nombreuses dans le parc immense: chapelle, grotte de Leda, serre, fontaine d'abondance, lac...beaucoup de rocailles et d'imitation...mais végétation luxuriante.

N°3: La voiture est garée dans le parc de l'hôtel 5 etoiles "Tivoli". Jardin remarquable aussi avec un immense tapis vert et une perspective qui s'engouffre sous un porche et qui conduit le regard vers l'océan! Ambition , vrai projet paysager!

Nous ne visitons pas le jardin de Monserrate qui fait 33 hectares (!) et qui a appartenu à Sir Françis Cook! Ce lieu accueille des plantes du monde entier et la démarche est donc plus botanique et met en scène des collections. Nous ne visitons pas non plus le parque de La Pena qui fait...200 hectares!!!

N°4: Retour vers Lisbonne et visite de la quinta de Fronteira, à Benfica. Madame GPS a beaucoup de mal à trouver ce lieu magique au coeur des quartiers d'immeubles de la banlieue lisboete.

Certainement le plus beau jardin car il garde des dimensions, une échelle à "notre "mesure". Il est très facile de s'imaginer accueillant sur la terrasse pour un diner des amis..mais l'entretien des broderies de buis même si la surface reste reduite est un travail certainement colossal.




Piscine vers 16H30.


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Jour 3 :Coimbra-Lisboa


Surprise en tirant le rideau de la chambre: ciel gris, nuages épais. Marinade océanique, temps troublé.
Nous n'avions pas noté que le Portugal gardait l'horaire d'hiver ou suivait l'horaire d'un fuseau supplémentaire, ce qui donne très concrètement une heure en moins!

Départ vers Lisbonne à 11H. Paysage encore montagneux avec des forêts de pins et d'eucalyptus en très grand nombre et plantés trés serrés.

Le paysage n'est jamais en repos et est sans cesse mité par des hameaux. L'urbanisme semble être sans règle. Le propriétaire d'un terrain peut construire où il veut, semble t il, si la parcelle est d'une certaine surface. Cela donne ce paysage bruité, qui n'invite pas à la contemplation. Il vaut mieux ..lorsqu'il faut conduire. A ce propos, aucun respect des limitations de vitesse et conduite plutôt hasardeuse de nos collègues européens, les portugais.

Arrivée rapide à Lisbonne à l'hôtel VIP Zurique, plutôt loin du centre, dans la zone residentielle du Nord-Ouest, près de la fondation Galouste Gulbenkian. Standard international...obligatoire de prendre soit metro soit bus soit taxi pour aller au centre ville, place du Rossio, par exemple.

Repas sur l'avenue Berna, avant de visiter la fondation Gulbenkian. Parc accueillant et entrée assez modeste d'un bâtiment influencé par Franck Lloyd Wright, avec béton et grandes baies en verre. A l'interieur, un rythme de salle lumineuse, une présentation chronologique d'une selection de pièces, d'objets d'art puis de peinture des grandes périodes artistiques du monde entier: art egyptien, art grec, romain, oriental, japonais...

Galouste Gulbenkian a construit une collection magnifique. Chaque objet est remarquable et choisi. L'ensemble n'est pas écrasant. Pourtant, le bâtiment est grand, sans doute plus de 1000m2, mais cela reste humain, le paradoxe de la discretion.

Visite de l'Estufa Fria, parc Edouard VII qui est composé d'une perspective immense qui ouvre sur le Tage. La serre de 8100 m2 est un jardin remarquable.

mardi 23 août 2011

Jour 2 : vers le Portugal

Jour 2: vers le Portugal

Avant de quitter Salamanca, passage en voiture à proximité de la Plazza Mayor afin que tous les voyageurs aient vu ce monument. Quelques minutes avant, C. était revenu sur la place, seul, mais n'avait absolument pas ressenti les sensations de la veille. La place vers 10H, ce matin là, d'après lui, ressemblait à toutes les places, les pierres ne chantaient pas comme la veille lors de l'épisode pluvieux. Personne ne l'a cru!

Bleu le ciel, ce matin Soleil! La place Mayor vers onze heures avait retrouvé une dimension magique. Les terrasses des cafés sont installées et une rumeur légère nous accueille. Quelque chose de mystérieux envahit ce lieu qui se transforme, étrangement, sous nos yeux, en une sorte de décor grandiose, comme en attente. La rumeur enfle et crée chez les citoyens modestes, les touristes ordinaires que nous sommes, des sensations de domination, de lévitation! L'immensité de la place,sa beauté immémoriale, arrogante, et cette rumeur sourde rappelle, renvoie à celle qui précède un spectacle d'opéra! Les artistes peuvent prendre place !

Une autre pensée nous traverse: comment se fait il que toutes les banlieues, tous les quartiers nouveaux européens se ressemblent alors que nous admirons tous ensemble les mêmes lieux , les centres historiques de toutes les villes européennes, pendant l'été. D'où vient cette dégradation, cette pornographie urbanistique! Après ce tour de piste fantasmé sur une place Mayor extraordinaire, ce matin, départ vers Ciudad Rodrigo: une heure de route.

De chaque côté de l'autoroute les immensités de la meseta, les champs de blé à perte de vue. Des grands a-plats blonds rythmés par des carrascals, chênes verts sombres, ressemblent à des vagues immobilisées par l'espace qu'il leur faut maitriser: quelque chose de l'ordre de l'immuable, du ressassé, du recommencement, qui tient à la fois de la grande traversée de Don Quichotte, et des vagues de l'océan qui détruisent les rizières de la mère de Marguerite Duras en Indochine, là bas dans le nord du Coromandel.!


Indispensable besoin de faire appel aux références au risque de se perdre ou de passer à côte en ne gardant aucun souvenir ou sensation ou sentiment...appeler petit à petit, les uns, les autres, rêver, avec eux, en avançant sur ce ruban d' asphalte, dans cette limousine low cost, et enrichir ainsi les messages donnés par madame GPS.

A Ciudad Rodrigo, la surprise est totale. Le village, plutôt petit est lui aussi un décor, nouvelle provocation. Au bout de la place Mayor, une grande maison avec balcon-loggia ferme la perspective et a des allures de Casa Don Pedro de la Vega, dit Zorro. Imaginez! Est il possible d'envisager que dans un avenir proch , les plus beaux villages européens, classsés, par exemple par l'Unesco, deviennent des lieux d'accueil, de tournage pour reality shows!

Pause repas à Ciudad Rodrigo, bar de Las Tejas: 3 euros à 4 avec martini on the rocks et calamars et croquetas et patatas meneas....

La frontière portugaise est franchie vers 14h50. Cela s'appelle Fuente de Oronos et correspond au nom de la ligne de chemin de fer qui relie la frontière portugaise à Salamanca. Lieu chargé sans doute de douleur, celle de toutes ces personnes qui ont été obligées de quitter un pays pour aller tenter de vivre, de se battre dans le pays de l'autre. Le paysage autour de ce village frontière est aride, avec des grands blocs de granit qui peut être servaient à se cacher, pour parvenir au dernier moment à sauter dans les wagons des trains. Paysages de la douleur portugaise! Après Fuente de Oronos c'est Vilar Formoso.

Le paysage se pare de forêts de pins maritimes, de quelques châtaigniers puis d'eucalyptus avant d'arriver à Coimbra.

L'hotel Dona Ines est situé au bas de la vielle ville dans une zone manifestement en requalification; des entrepôts ont été détruits et ont laissé la place à des immeubles standards sans charme et à des hôtels au standard international.

Visite de la vieille ville : nouveau mystère. La ville semble abandonnée. Les rez de chaussée sont occupés par des commerces mais les étages sont vides et délabrés. Nous avions eu la même
sensation en visitant en 2003 la ville de Porto. Que se passe t il? Quand ces centres des villes historiques ont ils été abandonnés? Et quelles solutions?

Le quartier des universités si célèbre domine la ville blanche de Coimbra. Nous y accédons par un ascenseur. Impression étrange d'une visite alors que quelque chose, un évènement fort aurait vidé la ville de ses habitants? Grands bâtiments géométriques, immenses, statues conquérantes en pierre blonde, peu de traces d'un passé remarquable, pas d'étudiants en stage, en Erasmus,  mais en restauration une grande cour, magnifique par contre, celle que borde la plus belle bibliothèque d'Europe, la Biblioteca Joaquina.

 Les ruelles sont défoncées et inhabitées. Pourquoi tout cela a t il été déserté?
Après le diner, promenade vers l'hôtel: pénombre, peu de mouvement et il n'est que dix heures du soir... en été!

Jour1 : Salamanca

Première étape: Jurvielle-Salamanca.
Départ à 8 H: beau temps. Village silencieux.
Prévision de 7 h de route.
Pique Nique vers 12h30 juste après Bilbao après une hésitation GPistique! L'autoroute nouvelle entre San Sebastian et Bilbao n'est pas encore enregistrée sur les programmes TOM TOM...mais aucun cafouillage..il suffit d'être plus fort que TOM TOM et LA VOIX !
Habitacle silencieux, passagers recueillis: somnolence pour une, lecture pour un autre et tricotage pour l'autre passagère avec quelques crises contenues sur un nombre de maille non respecté: faire et defaire..telle une Penelope née en Algerie..Pénélope Sarfati..

Déroulé du bitume... climatisation: 32° puis à 100 kms de Salamanca..le ciel vire au gris clair puis gris foncé...et pluie forte puis fine.

Madame GPS guide l'arrivée à Salamanca vers l'hôtel San Polo, arrivée à 17 H pile: plutôt bien choisi, contre les remparts, avec une cour, au niveau de l'accueil, qui a menagé, intégré des ruines . Effet intéressant et vue magnifique des deux chambres d'hôtel sur les clochers de la cathédrale. La Plazza Mayor est à 5 minutes à pied.
Vers 18H, Promenade Plazza mayor.
Sans doute  y-a-t-il  plusieurs endroits au monde ou alors tous les lieux du monde peuvent revendiquer la devise de la ville de Compostelle : "Lluvia es poesia". Vers 18h, alors que nous découvrions petit à petit les ruelles du centre historique de Salamanca, la pluie, fine, a commencé de tomber. Cela fut sans importance: Casa de las Conchas, magnifique façade ocre, avec des dizaines de coquilles sculptées, patio à étage avec balcons à double rythme décoratif, tresses et nid d'abeille, grandes perspectives de bâtiments dédiés à l'étude, bibliothèque, salles de cours des plus renommées universités espagnoles.

La pluie tombe.
Plazza Mayor, les couverts permettent la promenade. La lumière enchante les couleurs de ces bâtiments parfaitement symétriques soulignés de balcons et incrustés de portraits taillés dans la pierre des notables de la ville...


La pluie ne prive de rien : ni apero, ni contemplation des gargouilles qui dégueulent. Les cigognes ont déserté le nid du clocher situé à l'arrière de la place.
Après la visite du musée Art Nouveau, Casa Lis, style nouille, et sans enthousiasme, structure de la villa très foetale, patio surplombé d'un vitrail/verrière peu convaincant, l'un des parvis de la cathédrale est occupé par une troupe de théâtre universitaire. C'est une tradition de Salamanca. Les voix résonnent et le public nombreux est attentif au texte de "La controverse de Valladolid" où les jeunes filles perturbent par leur seule présence la thématique: Dieu existe t il? Comment apporter la preuve de son existence? Si les femmes sont là, si elles sont les sujets ou les objets du mal, c'est qu'Il existe!
La pluie ne joue plus avec la ville.

Repas du soir pris dans une ruelle qui conduit vers la plazza Mayor: "la ruta de la plata". Pour choisir ce lieu, nous avons repéré  et suivi des personnes..d'un certain age, d'allure..autochtone.Ils ont  rentrés dans ce lieu animé par des dizaines de personnes bruyantes et un gigantesque barbecue!
Sociologie active et appliquée: des familles ..envahissent petit à petit la dernière salle du restaurant dans laquelle nous nous étions réfugiés pour dîner. Le grand père, les grand mères, les oncles et tantes, les neveux avec leur femme et les petits enfants installés dans les poussettes colorées et encombrantes: déplacement des tables, chaises, commandes des plats en hurlant, rectifiant..la chaleur s'en mèle...Au moment de repartir. la ville est eclairée et cette lumière artificielle  va bien au teint de ses pierres oranges. La ville "le vaut bien!"

Devant l'hôtel, la pluie nous surprend, figure de dernière strophe!

samedi 23 juillet 2011

épisode 1 : préambule




Etranges mots utilisés pour signifier la rupture: vacances,
vacance..!comme si au moment où il est possible de se remplir de
souvenirs, de rires et d'odeurs, le vide devait s'imposer! Etrange
cette idée portée par le même mot: vacance, vide, no movement! alors
qu'il s'agit du contraire: d'aller en avant, de decouverte en
decouverte, de se deplacer d'un point à un autre.
Les italiens connaissent et utilisent un autre terme: villegiatura!
c'est beau! Cela renvoie à un sejour au long cours, dans un lieu
retrouvé, régulièrement. On y arrive, fatigué, et on commence par y
ouvrir les volets. on s'attarde sur le paysage.

On le caresse des
yeux, on approche sa main de la colline la plus douce comme sur un
visage. Puis, on se love dans le repos. S'il y a du déplacement dans
le mot "villegiature", il est surtout garant d'une figure d'extase,
d'un plaisir immense à retrouver, à être là dans ce lieu retrouvé,
comme "un temps perdu que l'on recherche"...
Comment nommer le deplacement projeté: villégiature, séjour,
vacances...le pluriel du dernier conviendra mieux au teint : Vacances
au portugal ou alors puisque nous sommes des personnes simples: Portugal, août 2011.


Episode 2:
Certes les mots peuvent construire des aventures et transformer le déplacement le plus banal en expérience vécue digne de Out of Africa... Robert en moins et Katherine, itou !
Il ne reste pas grand chose sauf une fausse limousine noire qui devrait rouler dès le 21 Août vers
Salamanca. L'une ( passagere) prévoit une étape à Ciudad Rodrigo. C'est sûr que ça en jette : on a
dit, il faut y aller! Il faut que tu lises et relises le George's guide, best in europe! Et... comme il faut, tu dois ! Alors allons y :
Rodrigo, as tu du corrazon! Olé !
Une autre relation, banquier de son état, a aussi parlé, d'un village à côte de Ciudad Rodrigo où il y a le Bellosta, le meilleur jabugo !.. alors c'est sûr : nous ne sommes pas dans le même registre..entre des évocations romantiques et des sollicitations très Bigas Luna : Jamon ! Jamon !... ce qu'il ne faut pas cacher, c'est que tout cela se déroulera sans Banderas, donc sans Antonio !
Soyons clair : le plus simple est de tout faire et de tout connaître et découvrir : limousine noire (version low cost), Salamanca, Ciudad Rodrigo, et jabugo et bacalhao!.

Ce préambule pour signifier que le voyage commence avant de monter dans l'avion ou dans la voiture...sur une table, devant cartes et guides et pour partir il faut le faire du bon pied! et donc éviter toute chute!