mardi 23 août 2011

Jour 2 : vers le Portugal

Jour 2: vers le Portugal

Avant de quitter Salamanca, passage en voiture à proximité de la Plazza Mayor afin que tous les voyageurs aient vu ce monument. Quelques minutes avant, C. était revenu sur la place, seul, mais n'avait absolument pas ressenti les sensations de la veille. La place vers 10H, ce matin là, d'après lui, ressemblait à toutes les places, les pierres ne chantaient pas comme la veille lors de l'épisode pluvieux. Personne ne l'a cru!

Bleu le ciel, ce matin Soleil! La place Mayor vers onze heures avait retrouvé une dimension magique. Les terrasses des cafés sont installées et une rumeur légère nous accueille. Quelque chose de mystérieux envahit ce lieu qui se transforme, étrangement, sous nos yeux, en une sorte de décor grandiose, comme en attente. La rumeur enfle et crée chez les citoyens modestes, les touristes ordinaires que nous sommes, des sensations de domination, de lévitation! L'immensité de la place,sa beauté immémoriale, arrogante, et cette rumeur sourde rappelle, renvoie à celle qui précède un spectacle d'opéra! Les artistes peuvent prendre place !

Une autre pensée nous traverse: comment se fait il que toutes les banlieues, tous les quartiers nouveaux européens se ressemblent alors que nous admirons tous ensemble les mêmes lieux , les centres historiques de toutes les villes européennes, pendant l'été. D'où vient cette dégradation, cette pornographie urbanistique! Après ce tour de piste fantasmé sur une place Mayor extraordinaire, ce matin, départ vers Ciudad Rodrigo: une heure de route.

De chaque côté de l'autoroute les immensités de la meseta, les champs de blé à perte de vue. Des grands a-plats blonds rythmés par des carrascals, chênes verts sombres, ressemblent à des vagues immobilisées par l'espace qu'il leur faut maitriser: quelque chose de l'ordre de l'immuable, du ressassé, du recommencement, qui tient à la fois de la grande traversée de Don Quichotte, et des vagues de l'océan qui détruisent les rizières de la mère de Marguerite Duras en Indochine, là bas dans le nord du Coromandel.!


Indispensable besoin de faire appel aux références au risque de se perdre ou de passer à côte en ne gardant aucun souvenir ou sensation ou sentiment...appeler petit à petit, les uns, les autres, rêver, avec eux, en avançant sur ce ruban d' asphalte, dans cette limousine low cost, et enrichir ainsi les messages donnés par madame GPS.

A Ciudad Rodrigo, la surprise est totale. Le village, plutôt petit est lui aussi un décor, nouvelle provocation. Au bout de la place Mayor, une grande maison avec balcon-loggia ferme la perspective et a des allures de Casa Don Pedro de la Vega, dit Zorro. Imaginez! Est il possible d'envisager que dans un avenir proch , les plus beaux villages européens, classsés, par exemple par l'Unesco, deviennent des lieux d'accueil, de tournage pour reality shows!

Pause repas à Ciudad Rodrigo, bar de Las Tejas: 3 euros à 4 avec martini on the rocks et calamars et croquetas et patatas meneas....

La frontière portugaise est franchie vers 14h50. Cela s'appelle Fuente de Oronos et correspond au nom de la ligne de chemin de fer qui relie la frontière portugaise à Salamanca. Lieu chargé sans doute de douleur, celle de toutes ces personnes qui ont été obligées de quitter un pays pour aller tenter de vivre, de se battre dans le pays de l'autre. Le paysage autour de ce village frontière est aride, avec des grands blocs de granit qui peut être servaient à se cacher, pour parvenir au dernier moment à sauter dans les wagons des trains. Paysages de la douleur portugaise! Après Fuente de Oronos c'est Vilar Formoso.

Le paysage se pare de forêts de pins maritimes, de quelques châtaigniers puis d'eucalyptus avant d'arriver à Coimbra.

L'hotel Dona Ines est situé au bas de la vielle ville dans une zone manifestement en requalification; des entrepôts ont été détruits et ont laissé la place à des immeubles standards sans charme et à des hôtels au standard international.

Visite de la vieille ville : nouveau mystère. La ville semble abandonnée. Les rez de chaussée sont occupés par des commerces mais les étages sont vides et délabrés. Nous avions eu la même
sensation en visitant en 2003 la ville de Porto. Que se passe t il? Quand ces centres des villes historiques ont ils été abandonnés? Et quelles solutions?

Le quartier des universités si célèbre domine la ville blanche de Coimbra. Nous y accédons par un ascenseur. Impression étrange d'une visite alors que quelque chose, un évènement fort aurait vidé la ville de ses habitants? Grands bâtiments géométriques, immenses, statues conquérantes en pierre blonde, peu de traces d'un passé remarquable, pas d'étudiants en stage, en Erasmus,  mais en restauration une grande cour, magnifique par contre, celle que borde la plus belle bibliothèque d'Europe, la Biblioteca Joaquina.

 Les ruelles sont défoncées et inhabitées. Pourquoi tout cela a t il été déserté?
Après le diner, promenade vers l'hôtel: pénombre, peu de mouvement et il n'est que dix heures du soir... en été!

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